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Le quartier Latour Maubourg : l'homme derrière le nom grand format Le quartier Latour Maubourg : l'homme derrière le nom Médiathèque Publique et Universitaire, Caroline Pascal

Les origines : la famille de Faÿ

Ses origines remontent au Xe siècle dans la ville de Fay le Froid (devenue Fay sur Lignon) en Haute Loire. La famille fut ensuite subdivisée au cours du temps en 3 branches :

  • Faÿ de Gerlande

  • Faÿ de Latour Maubourg

  • Faÿ de Coïsse

Les membres de ces branches ne se perdront pas de vue. Celles-ci vont toutes se réunir au XVIIIe siècle par le biais de mariages.

 

En premier lieu, la branche de Gerlande et de Latour Maubourg par le mariage le 25 septembre 1736 de Louis Charles César de Fay de Gerlande et Marie Marguerite Eleonore de Fay de Latour Maubourg, fille de Jean Hector. Ils auront une enfant unique Agnès-Césariette.

 

Victor et sa famille font partie de la branche de Coïsse. Elle et celle des Latour Maubourg vont aussi s'unir le 11 septembre 1752 par le biais du premier mariage du père de Victor, Claude Florimond avec Agnès-Césariette.

 

 

Blason de la famille FaÿBlason de la famille

 

Jean Hector de Latour Maubourg (1678-1764), cousin du grand-père de Victor, Jacques Antoine Florimond, n'ayant plus de descendant mâle, décide de transmettre son titre et son nom à la condition du mariage avec sa petite-fille et de la transmission du titre. C'est ainsi que Claude Florimond devient Comte de Gerlande en plus de Comte de Coïsse. Ils n'auront malheureusement pas de descendance ensemble car Agnès-Césariette décède, avec son enfant, le 03 juillet 1753 lors de son accouchement.

La famille de Victor

Marie Victor Nicolas est le second fils de Claude Florimond de Fay, marquis de Latour Maubourg de Gerlande et de Marie Françoise de Vachon de Belmont, issue d'une famille dauphinoise renommée. Leur mariage, qui est donc le second pour le marié, a lieu en 1756 à Saint Marcellin où la famille Vachon possède un hôtel particulier.

Il sera heureusement fructueux, car ils auront 9 enfants, même si seulement 5 d'entre eux survivront. Ils s'installent à La Motte de Galaure, dans un château qui n'est habité que par la grand-mère d'Agnès Césariette, Marie de Murat de Lestang.

 

Marie Charles César de Latour Maubourg 

Le frère aîné Marie Charles César (image ci-dessus), né le 11 février 1757, sera l'héritier du titre et embrassera une carrière militaire à l'image de son aïeul Jean Hector, qui a terminé sa carrière comme Maréchal de France. Avec son épouse Marie-Charlotte de Thenelle, ils auront 7 enfants.

 

Le benjamin, Just Charles César, qui naîtra en 1774 fera aussi une carrière militaire alors qu'il était plutôt destiné à entrer dans les ordres. Il épousera Anastasie de La Fayette, sœur du célèbre Marquis dont les trois frères furent proches. Ils auront trois filles.

 

Quant aux deux sœurs, la première Amélie Jeanne Gabrielle Justine Angélique Adélaïde naît en 1759 et ne se mariera pas. La seconde Marie Françoise Elisabeth, née en 1770, aura un fils Frédéric, sans descendance.

 

Victor sera, dans l’histoire, souvent confondu avec ses frères. Il naît le 22 Mai 1768 à La Motte de Galaure, bourg de 300 âmes, et est baptisé le même jour dans l’église Sainte Agnès du village. C'est le premier enfant à naître dans la Drôme, ses aînés ayant vu le jour à Grenoble où vit la famille de Marie-Françoise.

 

Il passe son enfance dans la Drôme, le château de Maubourg (Haute Loire) étant encore utilisé par des parents de Jean Hector. Il n’y a nulle trace de précepteur mais les enfants ont a disposition la bibliothèque de leur père, riche de près de 2000 volumes. La maison forte, qui fut agrandie d'une partie moderne sur 2 étages, est cossue avec un terrain comprenant une orangerie, un jardin clos, un pigeonnier et une basse-cour.

Château de Maubourg, vue actuelle Château de Maubourg, vue actuelle

Une carrière débutée sous la royauté

Les trois frères Maubourg suivront des carrières militaires. Victor étant le fils du "milieu" ; il était particulièrement destiné à exercer ce métier. Victor suivra donc une voie toute traçée depuis l'enfance. Au service de la royauté sous Louis XVI, il servira Napoléon avec zèle avant de se remettre au service du Roi à la fin de sa vie.

Chevalier de l'Ordre de Malte à 6 ans, il est ensuite nommé mousquetaire à 14 ans comme son frère César, tous deux sans doute parrainés par leur aïeul Jean Hector. Mais c'est en 1782 qu'il débute véritablement sa carrière quand il intègre le Régiment de Beaujolais (infanterie) comme Sous-Lieutenant puis démenage à Orléans pour intégrer le Régiment Orléans cavalerie. On le retrouve Capitaine en 1785 dans le Régiment Dauphin-Cavalerie avant qu'il ne parte en campagne maritime à Malte en 1787-1788.

 

De retour en France, il devient en 1789 garde du corps du Roi  à Versailles. Le 6 octobre 1789, il protège la Reine lors des journées d'insurrection et la ramène auprès de son époux. Il devient Sous Colonel puis en 1792 Colonel dans le 3e Régiment de Chasseur à cheval. C'est le début des guerres révolutionnaires : Victor est envoyé en Belgique combattre les Autrichiens. Il participe le 11 Juin à la bataille de La Glisuelle comme commandant de l'Armée du Nord dirigée par Gilbert du Motier de La Fayette.

 

Celui-ci connait son frère ainé et deviendra un proche de la famille. Le frère cadet de Victor épousera même la soeur de La Fayette. C'est d'ailleurs avec lui, tombé en disgrace et déclaré traître à la nation, que les trois frères fuient la France en Août 1792, direction la Belgique où ils sont arrétés à la frontière. Parmi le groupe de fuyards, seules les personnes les plus importantes sont retenues prisonnières en Prusse  (c'est le cas de La Fayette et César de Latour Maubourg, membre de l'Assemblée Nationale). Pour les autres c'est le début de l'exil. Victor passe en Belgique, puis en Allemagne et en Hollande où il rencontre son futur beau-père, un ancien militaire de l'armée française : Van Ryssel.

Lorsque Frédéric-Guillaume II de Prusse fait la paix avec la France, Latour Maubourg considéré comme « otage de la Révolution », n'est pas remis en liberté, mais livré à Léopold II, archiduc d'Autriche, qui le transfère avec ses compagnons dans les cachots de la forteresse d'Olmütz en Moravie. Avec La Fayette, ils y sont traités avec sévérité. C'est à cette période (1797) que Victor va en Italie à la  rencontre de Bonaparte, qui après avoir poursuivi les Autrichiens, les force à négocier un traité. Accompagné de son neveu Florimond, Victor arrive à faire intégrer dans le traité de Campo Formio, signé le 18 octobre, la libération de son frère et ses amis.

 

Les batailles sous Napoléon

A cette période Victor manque d'argent ; il fait quelques aller-retour en France mais malgré ses efforts a été enregistré comme émigré par le département de la Drôme. Ce n'est qu'en juin 1799 qu'il revient définitivement en France et se fait rayer de la liste des émigrés.

Il se fait vite réincorporer et en Janvier 1800 est envoyé en Egypte comme aide de camp de Jean-Baptiste Kléber puis de Jacques de Menou, son successeur. Il y reste presque 2 ans, malgré une blessure grave à la tête, survenue en mars 1801. Un éclat d'obus l'atteint devant Alexandrie. Après la défaite française en Egypte, les britanniques le rapatrient en France en 1802. Débute une longue convalescence pendant laquelle il obtient la Légion d'honneur, monte en grade (il devient Chef de brigade), se fait construire un château à Dammaries les Lys (photo ci-dessous) puis se marie avec Jacoba-Pétronille Van Ryssel, le 24 août 1804.

 

Château de Victor Latour-Maubourg à Dammries les Lys

 

Mais nous sommes au début des guerres napoléoniennes : Victor dès 1805 reprend du service actif. C'est la Guerre de la 3e coalition et Victor se rend en Allemagne et en Autriche avant de continuer pendant la Guerre de la 4e colation en Prusse et en Pologne. Il sera de la bataille d'Austerlitz, de la prise d'Iéna. Il devient Général de brigade et commande plusieurs divisions placées sous le commandement de Joachim Murat notamment. Le 14 octobre 1807, il obtient un congé après avoir été blessé deux fois dans l'année. Il est alors à la tête de la 1ère division de dragons et obtient le 3 juin 1808 le titre de Baron d'Empire. On le surnomme "gloire sans nuage".

Le répit est de courte durée. Avec sa division en 1808, il fait un bref passage en Rhénanie avant de partir pour l'Espagne qui s'est soulevée contre la France : c'est le début de la Guerre de la 4e coalition. Il est à la tête de la Cavalerie de l'Armée du midi et se bat dans la péninsule jusqu'en  mars 1812 où il enchaîne défaites et victoires.

Il rentre quelques mois en France avant de partir pour la Russie. En effet, la France décide d'envahir le pays alors que la situation n'est toujours pas réglée en Espagne (il faudra attendre Juin 1813 pour que la France se retire de la péninsule ibérique). C'est le début de la Guerre de la 6e coalition qui durera 2 ans sur plusieurs fronts. La Russie est le premier et Victor est à la bataille de la Moskova du 7 septembre 1812. Il y est blessé et rentre en France avant la retraite de Russie.

En février 1813, il part sur le 2e front : la campagne d'Allemagne. Reichenbach, Dresde... il est malheureusement arrété à Leipzig le 16 octobre : un boulet de canon lui arrache une partie de la jambe gauche. Il est soigné par un des meilleurs chirurgien de l'époque Dominique Larrey qui l'ampute en moins de trois minutes. A cette occasion, d'après Chateaubriand (dans ses Mémoires d'outre-tombe, tome 3), Victor aurait déclaré à son domestique qui se lamentait "De quoi te plains-tu, tu n'auras plus qu'une botte à cirer" !

C'est la fin de sa carrière active, il rentre en France, fait sa convalescence aux Invalides puis dans son château.

La retraite militaire et l'homme politique

Comme son frère aîné, Victor se rallie immédiatement à Louis XVIII dès avril 1814, début de la première Restauration. Il continue d'oeuvrer dans des sphères militaires.

En Mai, il devient membre du Conseil de Guerre puis du Comité de la Guerre. Les honneurs se succèdent même s'il y est peu sensible : il est nommé Pair de France et accède au Grand Cordon de la Légion d' honneur. En 1820, il est fait Chevalier commandeur de l'Ordre du Saint Esprit (alias Le Cordon Bleu), ordre le plus prestigieux de la Monarchie .

 

Blason des Faÿ dans le Cordon bleu

 

En mars 1815, il est chargé de l'organisation des bataillons de volontaires royaux, réunis à Vincennes avant d'être admis officiellement à la retraite militaire le 18 octobre. Il devient Président du Comité de Cavalerie le 23 avril 1817 et se retrouve membre du Conseil d'Administration de l'Hôtel des Invalides, où il a passé beaucoup de temps comme patient.

Il est fait Marquis le 31 Juillet 1817 et, la même année, Grand Croix de Saint Louis (ordre honorifique récompensant les officiers catholiques, quelle que soit leur condition de naissance, les plus valeureux, ayant au moins 10 ans de présence au sein des régiments du royaume).

 

Fin janvier/début février 1819, il est nommé Ambassadeur de la France à Londres mais semble être peu à l'aise dans ce rôle. Il est vite rappelé en France pour devenir en novembre Ministre de la Guerre, dans les Cabinets d'Elie Decazes puis d'Armand-Emmanuel du Plessis de Richelieu. Il exercera cette fonction pendant deux ans, avant d'enchaîner sur celle de Ministre d'Etat, le 15 Décembre 1821 dans le cabinet de Joseph de Villèle.

On lui doit l'ordonnance du 25 octobre 1820 sur la réorganisation de l'Infanterie française ainsi que la réduction du nombre de Maréchaux (proposition acceptée par le Roi qui voulait pourtant lui accorder ce grade). De fait, il restera Général.

 

Proche de la famille royale, il veille le Duc de Berry (fils du futur Charles X, actuellement Comte d'Artois)  à sa mort le 14 février 1820 et signera l'acte de naissance de son enfant posthume né en septembre. En 1824, c'est donc naturellement qu'il suit et soutient Charles-Philippe de France devenu Roi. En 1830, il lui reste fidèle et refuse de prêter serment à Louis-Philippe. En conséquence, il ne fait plus partie de la Chambre des pairs (loi du 31 août 1830).

 

En Janvier 1822, il est devenu Gouveneur des Invalides et le reste jusqu'en 1830. A cette fonction, il oeuvra avec Mr Valérius à la création d'appareils orthopédiques pour handicapés. 

Aux vues des changements politiques, et de la fin de ses fonctions aux Invalides, il se retire alors dans son domaine à Dammarie les Lys, auprès de son épouse et sa sœur.

 

En Août 1833, il est toutefois appelé pour devenir le gouverneur (précepteur) de l'héritier du trône, Henri d'Artois, duc de Bordeaux, petit-fils de Charles X, en remplacement du Marquis de Damas. Mais le général a des problèmes de santé et ne peut voyager à Prague, où la famille vit en exil. Il soutient son adjoint désigné, pour le remplacer : le maréchal d'Hautpoul avec lequel il avait défendu les Invalides en 1830 pendant la Révolution de Juillet.

 

Il survit à son épouse, qui s’éteint le 17 juillet 1844, et décède le 11 novembre 1850 à Dammarie les Lys où il est enterré. C'est son neveu, le Lieutenant-Colonel de Maisonneuve, qui héritera ses biens, le couple n'ayant eu aucun enfant.

Le quartier Latour Maubourg à Valence

  •  Valence - Quartier d'Artillerie
  •  Valence - Quartier Latour-Maubourg (Cavalerie)
  •  Valence - Caserne des Hussards

Son portrait est accroché dans la salle des mariages de la Mairie de La Motte de Galaure et son nom est donné à la place de la Mairie.

 

Une caserne a porté son nom à Valence (depuis 1886, auparavant c'était la caserne Saint-Jacques), c'est maintenant le nom du quartier qui est réhabilité.

 

A Paris, on a donné son nom à un boulevard (en 1858) ; ainsi qu'à une bouche de métro, située non loin de l'hôtel des Invalides. Son nom est gravé sur l'Arc de Triomphe, pilier Est, 17e et 18e colonnes (image à gauche).

 

Il est représenté de profil, levant la tête en direction du roi, sur le tableau de François Gérard « Sacre de Charles X à Reims », conservé à Versailles. On peut le voir au centre de l'image dans un groupe de trois personnes ; son voisin de droite étant le Duc d'Aumont, reconnaissable à son grand chapeau à plume (image ci-dessous).

Tableau de François Gérard, Le sacre de Charles X à Reims, le 29 mai 1825

Sources

Livres :

- Les trois frères Latour Maubourg / Françoise Rameau. - 2017

Dictionnaire des parlementaires français... : depuis le 1er mai 1789 jusqu'au 1er mai 1889... / publ. sous la dir. de MM. Adolphe Robert, Edgar Bourloton et Gaston Cougny, Bourloton, 1889-1891

Souvenirs du général Mis Amand d'Hautpoul : quatre mois à la cour de Prague, l'éducation du duc de Bordeaux (1833-1834) / publiés, d'après le manuscrit appartenant à M. Hennet de Bernoville avec une introd. et des notes par le comte de Fleury. - Plon, 1902

- L'éducation du duc de Bordeaux / Comte de Damas d'Anlezy, extrait de la Revue des deux mondes, tome 11, 1902

Tableau du sacre de S. M. Charles X dans la cathédrale de Reims (29 mai 1825) / par F. Gérard, Casimir, 1829

- Mémoires de chirurgie militaire et campagnes, tome 4 / de D. J. Larrey, 1817

Sites Internet :

- Victor de Fay de Latour-Maubourg sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Victor_de_Fay_de_Latour-Maubourg

- Victor de Fay de Latour-Maubourg sur Wikiwand : https://www.wikiwand.com/fr/Victor_de_Fay_de_Latour-Maubourg

- Château de Maubourg sur Monumentum : https://monumentum.fr/chateau-tour-maubourg-pa43000055.html

- Château de Maubourg sur  Pop : https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/merimee/PA43000055

- Maubourg sur Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Maubourg

 

Nos remerciements à Mme Eliane AMBLARD qui nous a gentiment fourni sa documentation sur Victor et La Motte de Galaure.

Retrouvez la liste des écrits de V. de Latour Maubourg sur le catalogue de la Bibliothèque Nationale de France : https://catalogue.bnf.fr/rechercher.do?index=TOUS3&numNotice=10743101&typeNotice=p

 

 

 

 


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