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Un grand méchant homme : Mandrin grand format Un grand méchant homme : Mandrin Etudes Drômoises

Faut-il célébrer Mandrin ? Etait-il un bandit «au grand cœur», ou seulement un redoutable brigand ? Avait-il une bande de 800 hommes ou seulement quelques dizaines de complices occasionnels ? En tous cas l'affaire fit grand bruit non seulement en France mais aussi à l'étranger. Un romancier britannique de passage dans la vallée du Rhône s'est vanté d'avoir reconnu dans son voiturier Joseph, le bourreau de Mandrin. Jean ­Claude Banc nous retrace la vie de Mandrin; il y a joint la copie du jugement de Mandrin témoignant de ses exactions dans un vaste territoire allant de Joux et Mouthe à Nantua, Cluny, Autun, Brioude et Taulignan, ainsi que des photos de son cachot situé sous l'évêché de Valence.

Un homme d’affaire malchanceux

Par Jean-Claude Banc

Premier enfant de François Mandrin, marchand de bestiaux à Saint-Etienne-de­ Saint-Geoirs en Isère et de Marguerite Veyron-Churlet, Louis vint au monde dans la demeure familiale le 11 février 1725. Son parrain Louis Veyron-Churlet est exacteur des deniers royaux, c'est-à-dire receveur des impôts. A la mort de son père, Louis, à l'âge de 17 ans, se retrouve en charge des neuf enfants.


Après avoir traité quelques affaires de faible importance, il essaye de relancer à grande échelle le commerce de son père, et saisit l'opportunité de faire un coup très tentant. En effet, la guerre de succession d'Autriche bat son plein et l'armée de Provence engagée contre le roi de Sardaigne, alliée de l'Autriche ennemie de la France, a besoin de mulets pour envahir le comté de Nice. Mandrin s'engage à en fournir 97 tout équipés. Dans ce but, il emprunte une forte somme d'argent à des banquiers lyonnais, mais la malchance le frappe et il perd une grande partie de son troupeau, victime de chu­ tes dans les Alpes ou de maladies. Lors de la signature du traité d'Aix-la-Chapelle en juillet 1748, son contrat est résilié et La Ferme lui refusant toute indemnité et toute rétribution, Mandrin se retrouve endetté, ruiné et révolté.

Le bandit « au grand cœur »

Cette affaire l'entraîne sur le chemin de la délinquance et de la contrebande, qu'il organise avec son tempérament de chef d'une manière rigoureuse. Après avoir tâté le terrain à Pont­ de-Beauvoisin, il passe deux années à la tête d'une formidable troupe organisée militaire­ ment et effectue « six campagnes ». Ses expéditions le conduisent en Franche-Comté, en Bourgogne, dans le Massif central et l'Aveyron. Toujours pourchassé, jamais pris, Mandrin au cours de ces marches, tient boutique et vend les produits de ses trafics et rapines. Il impose aussi les receveurs de La Ferme.

Face aux exactions des fermiers généraux et de leurs commis « les gapians », il apparaît comme un bandit « au grand cœur » qui répartit les richesses et combat les inégalités.

S'approvisionnant en Suisse et en Savoie, il entretient sa légende en vendant le tabac 50 sous la livre alors que le cours officiel imposé par les fermiers généraux est de 5 francs. Il fournit aussi de la toile des Indes, du sel, de la poudre... Pourtant, il faut reconnaître que Mandrin est aussi un bandit et un assassin multiple qui pratique le chantage et la prise d'otages. Lassée d'être ridiculisée et voyant le marché perturbé par ses agissements, La Ferme décide de le retrouver à tout prix.

Une captivité valentinoise

Mandrin est finalement capturé le 11 mai 1755 « contre le droit des gens » au château de Rochefort-sur-Novalaise par le colonel de la Morlière, alors qu'il se soigne d'une blessure. Son enlèvement en Savoie, terre étrangère, par des soldats français, en temps de paix, crée un vif incident entre Louis XIV et le roi de Sardaigne Emmanuel III. Transféré sous bonne escorte à Valence, le 13 mai, Mandrin est jugé de façon expéditive par la Chambre ardente - que Voltaire qualifiait de plaie de l'humanité - présidée par Levet de Malaval. 

Texte du jugement de Mandrin - 1755

Jugement souverain qui a condamné à la roue Louis Mandrin - 1755 

 

Il est condamné à mort et immédiatement exécuté le 26 mai 1755 sur la place du marché, l'actuelle place des Clercs, devant 6 000 curieux. Pour l'exemple, les écoliers ont été assis aux premiers rangs. Articulations et os fracassés à coups de barres de fer, il est ensuite attaché à une roue de carrosse hissée en ha ut d'une potence. Au bout de huit minutes, pour abréger ses souffrances ou éviter une émeute, il est étranglé et son corps pendu aux fourches patibulaires de la ville, Deux jours plus tard le 28 mai, un ordre royal enjoignant de surseoir à l'exécution arrive à Valence.

 

"Mandrin ne pût se soustraire plus longtemps au châtiment que méritait sa vie souillée de tous les crimes. Il fût enfin pris à Valence, jugé et condamné à être roué vif. A ces derniers moments cependant son coeur fût touché de repentir. Le 26 mai 1755 il monta avec fermeté les degrés de l'échafaud, baisa le crucifix que son confesseur lui présenta et se livra au bourreau."

L'exécution de Mandrin, Lithographie éditée à Wissembourg (Alsace), Médiathèque Publique et Universiataire de Valence.

 

Peu de Valentinois savent que le cachot où fut incarcéré Mandrin existe toujours sous l'évêché et que Mandrin a été enterré hors des murs du cimetière dans le quartier des gens de mauvaise vie, avenue de Romans.

Pour l'anniversaire de son exécution, le Lions club de Valence-Dauphiné a mis en place une plaque rappelant sa mémoire sur le lieu même de son supplice.

 

Jean-Claude BANC

 

Un article paru dans la revue Etudes Drômoises d'octobre 2005 (n°23).

La vie de Mandrin




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