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Albert Périlhou, <br />un musicien Tainois grand format Albert Périlhou,
un musicien Tainois
Tain Terre & Culture

Albert-Jacques Périlhou (1846-1936) est un compositeur célèbre à son époque, qui a vécu longtemps à Tain-l'Hermitage. Il a été oublié par nos compatriotes car il a effectué la plus grande partie de sa carrière à Paris, où bien entendu il avait affaire à rude concurrence.

Par Georges Fréchet

La vie musicale française de la fin du XIXe siècle était très active Elle est menée par des grands noms comme Camille Saint-Saens, Claude Debussy, Gabriel Fauré, André Messager. Deux compositeurs ardéchois ont joué aussi un grand rôle : Vincent d'Indy et Joseph Canteloube. Dans l'opéra, après Gounod, brille l'étoile de Jules Massenet. Parmi eux, Périlhou a été particulièrement lié avec Saint-Saens, son professeur, qui est resté son ami.

Pourtant au départ c'était Fauré qui était son condisciple puisqu'ils voyagèrent ensemble en 1854 de l'Ariège, leur lieu d'origine, à Paris où ils allaient étudier. Albert Périlhou était né en 1846 à Daumazan-sur-Arize, fils d'un organiste. Un critique en 1904 le compare à Debussy, déclarant « que M. Périlhou n'a pas sa hardiesse », mais, ajoute malicieusement le journaliste : « d'abord, est-ce un mal ? »

Un élève de l’Ecole Française néo-classique

L'Ecole française se caractérisait par sa recherche de clarté et de classicisme. On qualifie d'ailleurs la musique de Saint-Saëns de néo-classique. En effet, refusant les audaces harmoniques de Wagner, il s'en tient aux tonalités et aux modes de base. Les Français récusent aussi le gigantisme de l'orchestre wagnérien, et remettent en valeur la musique de chambre. Ils redécouvrent, par-delà le romantisme et son expression sentimentale, les leçons des maîtres du passé, le contrepoint de Jean-Sébastien Bach, la polyphonie de la Renaissance avec Palestrina et même les modes du grégorien ; ils puisent chez ces grands anciens une musique délicate et construite. C'est dans cette optique que se place l'œuvre d'Albert Périlhou : sa musique est savante, il ne dédaigne pas la virtuosité et la musique imitative. Il s'inspire souvent du chant traditionnel.

Il s'est formé à l'école Niedermeyer de Paris, spécialisée en musique sacrée, et qui préfigure un peu la Schola cantorum de Vincent d'Indy. Une fois muni de son diplôme de « maître de chapelle », il y enseigna également et en fut même directeur. On y enseignait principalement le contrepoint, la composition, l'harmonie, le chant d'église. Et bien entendu, l'orgue.

Un célèbre organiste compositeur

Dès 1866, il est organiste à Pézenas. Son poste suivant en 1868 fut à Saint-Etienne, où il tenait les orgues de la Grand'Eglise jusque 1883 et comme professeur de piano avait comme élève Mlle Jeanne Petit qu'il épousa. Le mariage d'Albert Périlhou fut une réunion des musiciens. La cérémonie religieuse eut lieu en la vénérable cathédrale de Sens. Le premier garçon d'honneur était le grand compositeur Gabriel Fauré, ami de notre écrivain Gabriel Faure, le second André Messager, le roi de l'opérette mais qui était aussi organiste. Saint-Saëns tenait les orgues. Fauré avait pour cavalière l'amie d'enfance de la mariée. Plus tard, en 1882, Périlhou inaugura l'orgue de St-Laurent du Puy dû à Merklin. Il composa à Saint-Etienne ses « Veillées d'hiver » pour piano.

En 1883, un poste de professeur de piano au Conservatoire de Lyon ayant été déclaré vacant, Albert Périlhou fut désigné pour l'occuper en même temps qu'il fut nommé organiste du temple protestant des Brotteaux dont le superbe orgue, également de Merklin, venait d'être inauguré. Durant une période de six ans, il composa sans relâche, notamment des œuvres qui contribuèrent à le placer au premier rang des compositeurs de sa génération: les deux Fantaisies pour piano, orgue et orchestre entre autres.

 Albert Perilhou, à gauche, membre de la société des intruments anciens de Paris - IMSLP CC BY-SA

Cependant, Saint-Saëns n'oubliait pas son ami. En 1888, il l'appela à Paris. Le fit nommer organiste de l'église Saint-Séverin afin de lui permettre de composer à l'abri des préoccupations. Le dimanche, Périlhou montait au grand orgue de Saint-Séverin, dont l'acoustique est si favorable à la musique, et relevé par John Abbey. Saint-Saëns l'y rejoignait souvent et ils se livraient tour à tour à de véritables tournois d'improvisation, qu'admirait Louis Vierne ; au milieu d'un mouvement, ils laissaient tout à coup la place à Fauré, qui improvisait également. Périlhou composa de manière féconde, outre de nombreuses mélodies, des pièces pour piano, orgue et instruments divers, un Quatuor, une Suite pour violon et, pour l'orchestre, Suite française, Scènes gothiques, Carillons flamands, Veillée en Bresse, Fête patronale en Velay, Jour des morts au Mont-Saint-Michel, toutes œuvres exécutées maintes fois, avec succès, en concert. A la première de sa Fantaisie pour piano, le clavier était tenu par le soliste virtuose et grand compositeur polonais Paderewski.

Partition Marine italienne, pour violon ou violoncelle et piano Partition Marine Italienne

Une de ses œuvres essentielles est le livre d'orgue, composées pour le service ordinaire, publié en 1900. Il fonda avec Saint-Saëns (1901) la société des instruments anciens, anticipant ainsi la tendance actuelle à faire revivre la musique baroque sur des instruments authentiques. Très apprécié de ses élèves, il leur dédicace souvent certaines de ses œuvres, par exemple à Mlle Pauline Linder une œuvre pour harpe, à Marie Lasne et à Charlotte Mellot-Joubert une pour chant. Il dédie aussi à Mme Frédéric Lauth une œuvre pour piano. Il s'agissait d'Aurore Sand, petite fille de George Sand, écrivaine et épouse du peintre Frédéric Lauth. Il dédie sa Balade pour flûte à Paul Taffanel, célèbre flûtiste ; c'est resté son œuvre la plus jouée.

Une retraite à Tain l’Hermitage

Au naturel, Périlhou était de l'avis de ses contemporains, un homme affable, plein d'humour mais réservé. Mais sous cette tranquillité extérieure couvaient les mille feux d'un esprit pétillant et d'un naturel très vif. Ceux qui l'entendaient jouer au piano, dans l'intimité, tout en roulant une éternelle cigarette, appréciaient ses spirituels concerts et la variété de son imagination.

Vers 1914 s'interrompit l'activité artistique de Périlhou qui prit sa retraite. Il quitta Paris pour n'y plus revenir. Il se fixa à Tain-l'Hermitage auprès de ses enfants, au n° 2 du quai Arthur Rostaing, une petite maison bourgeoise. Il retrouvait dans l'église un excellent orgue Merklin, installé en 1885 sous l'impulsion de Maurice de la Sizeranne. Il ne quitta guère la région, car sa fille Marie, épouse Tournier, vivait à Tournon, son beau-frère Julien Petit était tanneur à Annonay ; et il allait visiter ses enfants à Peaugres. Son fils Louis en effet, ayant épousé l'héritière des tanneries Meyzonier d'Annonay, avait fait construire le château de Peaugres où il résidait. C'est à Peaugres qu'Albert Périlhou est enterré. Il était mort sereinement à l'âge de 91 ans à Tain le 26 août 1936.

 

Vue générale de Tain l'Hermitage au début du XXème siècle.

 



Maurice le Boucher, organiste, compositeur, grand prix de Rome et disciple de Périlhou, donna avec sa femme cantatrice, le 26 octobre 1936 à l'église de Tain un concert de chant et orgue pendant la messe de quarantaine à la mémoire de son ami Albert, avec ses œuvres et le Pie Jesu de Saint-Saens.

Sur l'orgue qu'a connu Périlhou, restauré en 1981 et en 2011, se jouent régulièrement des auditions d'orgue.

 

Par Georges Fréchet - Association Tain Terre & Culture.


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