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Valence, ville de soins grand format Valence, ville de soins Médiathèque Publique et Universitaire

La Première guerre mondiale est un nouveau type de guerre, c’est une guerre industrielle qui produit un gigantesque lot de blessés d’un genre inédit. Rapidement les structures de soins proches du front se révèlent insuffisantes pour endiguer le flot de mutilés, il faut donc trouver d’autres lieux d’accueil.

Comme beaucoup de départements éloignés du front, la Drôme, et particulièrement Valence, doit pallier à ce déficit d’hôpitaux de guerre. Elle a l’avantage d’être bien desservie par le train car elle est située sur l’axe ferroviaire Paris-Lyon-Marseille, déjà très fréquenté et absolument indispensable en temps de guerre.

La Drôme n’est pas un point d’évacuation pour les soins d’urgence, contrairement à Lyon : en plus de son éloignement géographique, les hôpitaux locaux n’ont pas le personnel ni les structures adaptés pour des soins compliqués. Ils reçoivent majoritairement des blessés des régiments d’infanterie, souvent là pour des blessures causées par des éclats d’obus mais qui sont décrites comme « moyennes », « peu graves ».

Vues sur l'Hôpital hospice avant la Guerre

  •  Valence - Vue de l'Hospice général
  •  Valence - L'Hospice et la Place Pompéri
  •  Valence - Vue sur le Rhône
  •  Hospice civil et militaire

Les hôpitaux à Valence

Au commencement du conflit le 3 août 1914, la ville de Valence possède un hôpital, situé dans l’actuelle rue Ambroise Paré, attenant à la Chapelle des Capucins.

Rapidement ils se révèle insuffisant pour accueillir la quantité de blessés du front, leur nombre dépassant les pronostics. L’arrière récupère en effet la majorité des blessés, peu sont soignés à l’avant par manque de temps et de moyens.

 

L’Etat demande alors aux villes d’hospitalisation de l’arrière la création d’hôpitaux temporaires (HT), censés pallier au manque de places. Ils sont répartis en 3 groupes, correspondant à 3 gestionnaires différents de ces établissements :

-         les hôpitaux complémentaires (HC), contrôlés par le Service de Santé des Armées

-         les hôpitaux auxiliaires (HA), gérés par des sociétés d’assistance aux blessés comme la Crois Rouge

-         les hôpitaux bénévoles (HB), créés à l’initiative de particuliers ou de congrégations religieuses

 

Dès le 22 août le préfet de la Drôme demande la recherche de nouveaux lieux pour créer ces hôpitaux temporaires : on réquisitionne des bâtiments publics et privés comme l’école privée de jeunes filles rue Farnerie, l’Ecole normale des institutrices ou le couvent de Saint-Victor…

Plusieurs critères doivent être remplis : être proche de la gare et avoir un important nombre de lit et un personnel médical disponible. Les organismes gestionnaires, laïcs ou religieux, passent des conventions avec la préfecture et le ministère de la guerre pour aider à la création de ces nouveaux établissements et les doter de moyens matériels et humains.

Valence - La Gare
 Valence - Statue de Bancel et la Gare

La gare de Valence est un lieu stratégique indispensable dans la gestion des blessés venant du front. La Croix Rouge y met en place une infirmerie militaire pour pouvoir prodiguer les premiers soins, puis répartir ensuite les blessés dans les différents hôpitaux de la région suivant les blessures et les places disponibles. Ils sont principalement acheminés dans ceux de Valence, Romans et Montélimar, mais aussi Crest et Die.

 

La population valentinoise est globalement solidaire des blessés et semble verser régulièrement une contribution financière pour aider ces établissements de soins, qui manquent cruellement de moyens. Néanmoins à la fin août 1914, certains Valentinois manifestent contre l’arrivée de blessés allemands dans la Drôme, si bien que leur transfert à l’hôpital doit s’effectuer de nuit pour ne pas alerter la population.

Certains de ces hôpitaux temporaires seront en service jusqu’en mars 1919.

Être infirmière pendant la guerre

Le XXe siècle voit la naissance de « l’hôpital moderne », sous l’influence, au siècle précédent, de grands scientifiques comme Louis Pasteur. Néanmoins les infirmières professionnelles sont encore rares au déclenchement de la guerre, il y a en effet très peu d’écoles de formation en France. Le manque de personnel soignant en 1914, du fait de la mobilisation des hommes valides, implique de recruter toutes les personnes disponibles.

Ce sont quasi exclusivement des femmes, déjà réquisitionnées pour remplacer les hommes partis au front aux champs ou dans les usines. Dans le meilleur des cas, elles ont le temps de recevoir une formation rapide de la Croix Rouge, sinon elles apprennent sur le tas au contact des blessés.

 L’infirmière de la Première Guerre mondiale revêt plusieurs visages. Elle peut être une « professionnelle » laïque, formée avant le déclenchement de la guerre.

Elle peut être une religieuse : du fait de l’Union Sacrée certaines reviennent en France, dont elles avaient été chassées suite aux lois de 1905, et reprennent un de leur rôle « traditionnel » d’assistance aux malades. Elles ont souvent une formation médicale de base, parfois assez archaïque qui se heurte aux progrès de la médecine au début du XXe siècle. À Valence ce sont surtout les Trinitaires qui ont été présentes pendant le conflit.

Enfin, elle peut être une bénévole recrutée dans l’urgence (fille de ferme, institutrice, femme au foyer…).

 Image à gauche : extrait de J'ai vu, n°116, 03 février 1917

Leur rôle et leur travail est aussi multiforme : peu d’entre elles secondent réellement les médecins car cela nécessite une certaine technicité. Elles font souvent les soins simples (changement de pansements…) et elles réconfortent les convalescents. Elles passent de longues heures avec leurs patients et tissent des liens avec eux, parfois jusqu’au mariage.

 

La propagande nationale diffuse 2 images de l’infirmière, totalement imaginée :

-         « la version religieuse » : l’image d’une bonne sœur avec une cornette, rassurante.

-         « la version laïque » : l’infirmière de la Croix Rouge.

 

Toutes les deux sont toujours jeunes, jolies, élégantes et propres. Elles sont caractérisées par leur dévouement - associé à une forme de patriotisme - leur douceur et leur discrétion. On ne mentionne jamais leur travail et leur professionnalisme, mais plutôt l’image d’une mère bienveillante soignant de simples bobos d’enfant. On véhicule l’idée que dans chaque femme il y a une infirmière, que prodiguer des soins est inné et est un devoir.

 

Image à droite : extrait de L'illustration, n°3778, 31 Juillet 1915

Sources

- Collectif, La Drôme et la Grande Guerre : un département du front de l'arrière, Libel, 2015

- Carol Mann, Femmes dans la guerre : 1915-1945, Pygmalion, 2010


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