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L’empreinte du castor en Drôme-Ardèche
Réseau des médiathèques Valence Romans agglo
En 1909, les trois départements abritant les derniers castors (Gard, Vaucluse et Bouches-du-Rhône) interdisent leur capture. En 1922, Charles Vatrin, préfet de la Drôme, leur emboîte le pas. Et c’est là que notre histoire prend toute sa couleur locale ! Car au fil des décennies, les castors vont lentement remonter le cours du Rhône, avec ou sans l’aide des humains (il faudra « reloger » ceux installés autour du site de Cruas lors de la construction de la centrale nucléaire en 1974-76) … avant de s’intéresser à ses affluents, y compris l’Ardèche et la Drôme – une des dernières rivières sauvages d’Europe, libre d’aménagements artificiels, où ils vont pouvoir s’épanouir sans contrainte. Cette recolonisation pacifique de leurs anciens territoires va permettre aux castors de déployer toutes les facettes de leurs talents de bâtisseurs, et dévoiler des comportements ignorés jusque-là car longtemps bridés par l’adversité anthropique. Discrets dans les eaux profondes du Rhône, où leurs barrages ne seraient d’aucune utilité, les voilà qui se lancent dans des constructions d’envergure au long de cours d’eau plus modestes mais au débit capricieux, entre crues soudaines, étiages prolongés et changements de lit intempestifs... Leur activité se plie à merveille à ces contraintes hydrologiques, et se réintègre peu à peu à la dynamique écologique des lieux en créant de vastes zones humides qui, en plus de stabiliser la disponibilité de l’eau pour la végétation alentour, fertilisent le sol par le dépôt de limon, et servent de refuge à un nombre considérables d’espèces fragiles.
Ci-contre : carte des « stations » du castor dans le bassin du Rhône. Paul Cordier-Goni, Castors du Rhône, Albin Michel, 1947
Opiniâtre, capable de monter des barrages très solides en un temps record, le castor ne se laisse pas décourager par les destructions naturelles (les crues notamment) ou humaines de ses ouvrages ; il peut rebâtir inlassablement sur un site qui lui plaît, faisant fi également des obstacles plus insidieux comme la pollution environnante, ou les nuisances lumineuses et sonores. Par ailleurs, il ne se limite pas comme on le pensait aux plantes aquatiques et bois tendres de la ripisylve dont il est friand, mais peut aussi abattre des conifères ou des chênes de belle taille… Il se pourrait même que, ne se contentant plus des terriers creusés que l’on croyait propres à un castor européen réputé « moins doué » que son homologue canadien, certains se soient mis à construire de vraies huttes d’habitation, à l’instar de ce dernier ! Le castor a encore beaucoup à nous apprendre et il faut donc renoncer à une conception « fixiste » de comportements animaux immuables, et impropres aux variations individuelles comme aux adaptations ponctuelles dans l’espace et le temps. Cet animal entreprenant et surprenant joue ainsi depuis son retour un rôle actif de transformateur de son environnement. Rôle très largement bénéfique, en dépit des quelques dégâts bien réels qu’il occasionne parfois, et qui demandent une médiation bien comprise auprès des sinistrés - mais auxquels la meilleure parade reste de parvenir à lui concéder des surfaces et des ressources suffisantes au bord des rivières, en libre évolution.