Array ( [slug] => parcoursd [slugex] => lempreinte-du-castor-en-drome-ardeche [pagep] => 2 )
// Add the new slick-theme.css if you want the default styling
grand format
L’empreinte du castor en Drôme-Ardèche
Réseau des médiathèques Valence Romans agglo
En outre, le castor a mauvaise réputation : on l’accuse d’endommager les récoltes et les plantations de saules ou d’arbres fruitiers, de causer des inondations avec ses barrages, et même de décimer les populations de poissons (alors qu’il est strictement végétarien). Vivant, on le considère donc comme nuisible ; mort, il attire les convoitises pour les précieuses ressources qu’il procure. L’administration promeut et récompense sa destruction systématique. Difficile d’imaginer pire statut, et il est presque miraculeux de constater, à la fin du XIXe siècle, qu’une population autochtone de castors – la dernière à l’échelle de toute l’Europe de l’Ouest ! – occupe encore la basse vallée du Rhône.
Ci-dessus: arbres coupés par des castors (à gauche : novembre 2025 ; à droite : janvier 2023), commune de Menglon (Drôme)
Mais un retournement assez radical se produit à partir de cette époque. Sujet d’études attentives des naturalistes depuis la fin du XVIIIe siècle, l’extinction annoncée de celui que l’on nomme aussi « bièvre » ou « vibré » ne laisse pas indifférente la communauté scientifique : la prise de conscience de la fragilité de la faune sauvage face à la pression humaine est passée par là, avec la disparition très rapide d’espèces comme le Dodo ou le Grand Pingouin. Dès les années 1890, à la suite du plaidoyer de Galien Mingaud, conservateur du Musée d’Histoire naturelle de Nîmes, pour l’arrêt officiel de la destruction des castors, un minutieux travail de sensibilisation s’opère autour de leur dernier bastion et tout au long du Rhône, incitant les propriétaires riverains à laisser en paix les animaux qui fréquentent leurs terres.
L’idée fait son chemin, et les publications de l’époque s’en font l’écho : le castor ne fait pas autant de dégâts qu’on le prétend ; sa chasse est contre-productive par rapport aux intérêts économiques qu’il représente (d’aucuns imaginent même la remplacer par l’élevage !) ; et quand bien même, indépendamment de ces considérations utilitaristes, sa disparition serait en soi une perte tragique, car il fait partie du paysage, d’un « équilibre naturel », voire d’un patrimoine que l’on souhaiterait transmettre aux générations suivantes.