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Les chauffeurs de la Drôme grand format Les chauffeurs de la Drôme Médiathèque Publique et Universitaire

Parmi les plus célèbres affaires criminelles de notre région, celle des "chauffeurs" est l'une des plus choquantes. En effet, quatre hommes et leurs complices ont marqué l'histoire par la quantité et la sauvagerie de leurs crimes. De nombreux vols, des meurtres avec tortures, des casses-croûtes pris à côté de victimes agonisantes, un manque de remords évident... la peine de mort fut prononcée pour les quatre principaux coupables. Leur exécution devant la Maison d'arrêt de Valence, qui attira une foule de milliers de spectateurs, fut un modèle du genre.

Les principaux protagonistes

Le plus âgé des bandits est Urbain Célestin Liottard (son nom est souvent mal orthographié) qui est né à Piégros-la-Clastre le 08 Mars 1863, dans une famille de propriétaires cultivateurs.

Son instruction est médiocre, il vit de larcins et divers travaux : maçon, bûcheron, commerçant de vieux chiffons. Il travaille chez plusieurs entrepreneurs de machines à battre mais est peu estimé de ses patrons.

Il fait de la contrebande, notamment d'allumettes. Il était complice avec un contrebandier nommé Lascombe (de Crest) qui le dénoncera quand il tentera de l’entraîner à tuer le père Dorier, 76 ans à Divajeu. Condamné à 2 ans de prison, il sera libéré au bout de 18 mois pour bonne conduite.

Au moment de la naissance de la bande, il a déjà été condamné plusieurs fois pour vols. Il a aussi fait 2 ans de prison pour avoir tenté de toucher 1600 francs d'assurances après avoir incendié son domicile.

Il va vivre un temps comme pensionnaire chez Berruyer avant de déménager place des Terreaux à Romans, dans une maison dans le même quartier.

Outre ses crimes commis en bande, il fut soupçonné de nombreux autres vols et meurtres commis dans la région  dès 1896 mais ne fût jamais jugé pour ceux-ci.

Au procès, Liottard fut accusé de 7 assassinats, 2 vols et 1 complicité de vol.

Liotard à Mondy (Bourg-de-Péage)

Les autres crimes de Liottard ?

David à Chambois

Octave Louis David surnommé "Le parisien" est né le 14 Mars 1873 à Boulogne-sur-Seine.

Orphelin très jeune (de père à 2 ans, de mère à 10 ans), dernier enfant d’une famille de douze frères et sœurs, il a été élevé par son frère qui lui a appris à voler. Il a néanmoins son Certificat d’études primaires. Envoyé en maison de correction dont il sort à 18 ans, il s’engage dans l’infanterie et fait la campagne d’Algérie puis de Madagascar. 9 ans d’armée mais passe plusieurs fois en commission disciplinaire : il effectue en réalité 6 ans dans les bataillons disciplinaires. En 1895 il passe d'ailleurs en Conseil de guerre à Hanoi et est condamné à un an de prison.

Revenu à Paris en 1903, il est condamné à 3 ans de prison pour vols qualifiés. Il rencontre Lamarque à la prison de Clairvaux qui l’entraîne dans la Drôme à leur libération.

Il s'installe à Tournon mais se retrouve vite en prison pour vol. Il épouse par amour Madeline Martel dite « La rigotte », originaire de la ville à la prison de Tournon en 1906. Il vend des cartes postales sur les marchés pour survivre et déménage à Bourg de Péage en 1907.

C'est le premier à avouer les crimes à la police, qui se fiera à ses déclarations. Quant à savoir ce qui l'a fait "craquer", il y a plusieurs explications : défendre sa "môme" (la police lui aurait fait croire que ses complices l'impliquaient), se venger de ses complices qui l'avaient dénoncé pour les vols, la maladie qui l'accable (il souffre d'une maladie incurable, vu son état, on pense même qu'il mourra avant son éxécution) ou l'espérance d'une mansuétude.

En prison à Valence, il tente de se suicider plusieurs fois avant son procès (se coupe les veines, avale du verre pilé), puis tente de s’évader en attaquant son gardien le 29 Mars 1909. Au procès David fut accusé de 3 assassinats, 6 vols et 2 tentatives de vol.

Une fois condamné à mort, il fait deux nouvelles tentatives de suicide par grève de la soif et la faim mais il craque toujours avant le moment fatidique et sera finalement executé avec les autres. En prison, il écrira son autobiographie et laissera un "testament" plein d'ironie qui sera publié dans la presse (voir ci-dessous).

 

Le testament de David

Le testament de David

Le brigadier Chauvin de la police valentinoise est cité en paragraphe 4.

Né le 25 Août 1873 à Margès d’un père propriétaire et d’une mère ménagère, Pierre Augustin Louis Berruyer a 8 frères et sœurs vivants sur 12.

C'est le plus instruit de la bande puisque, selon les sources, il va à l'école "libre" jusqu'à 14 ou 18 ans.

Il épouse Adrienne Gabrielle Bret le 22 septembre1898, ils auront quatre enfants.

Valet de ferme, ouvrier dans une usine de chaussures à Romans, homme de peine, paysan (cornichons…), colon en Algérie, cordonnier, vendeur de cartes postales sur les marchés, il crève la faim quand il rencontre les autres. Contrairement à eux, il n'a jamais été condamné. Il change souvent d'apparence et a des dettes. Sinon, il est plutôt rangé et fréquente peu les cabarets.

Il habite rue de la Pêcherie à Romans, une maison qui a une deuxième sortie sur la côte des Crottons et la place des Terreaux. Il rencontre Liottard en 1907 qu’il loge pour 10 F par semaine. C’est le lieu des réunions des malfrats.

Au procès, Berruyer fut accusé de 5 assassinats, 2 complicités d’assassinat, 6 vols, 1 complicité de vol et 1 tentative de vol.

Berruyer à Alixan (Maison Dorier)

Né le 18 Mars 1883 à Bordeaux, Jean Lamarque est né d’une mère couturière et de père inconnu ; il est petit et a un signe distinctif : une profonde cicatrice ronde de 20 cm au-dessus de la fourchette sternale.

Il exerce les métiers de cordonnier et camelot, mais aussi proxénète (du « vagabondage spécial »). Condamné plusieurs fois pour violation de domicile, vol et acte de rébellion entre 1901 et 1903, il rencontre David à la prison de Clairvaux où il purgait une peine pour proxénétisme. Il loge chez Berruyer et y rencontre Liottard.

Il s’enfuit grâce à la complicité de Bel-œil. Il se déplace souvent (Avignon, Bordeaux...) et utilise une fausse identité.

Au premier procès, Lamarque fut accusé de 3 assassinats, 3 vols et 2 tentatives de vol. Il sera condamné par contumace mais sera rejugé en 1910 après s'être fait arrêter à Nîmes. Il sera aussi condamné à mort mais c'est le seul des quatre principaux coupables à échapper à la guillotine. En effet, sa peine est commué en travaux forcés par le Président Armand Fallières, qui était pour l'abolition de la peine de mort.

Les complices

Auguste Finet dit "Romarin"

Indicateur et receleur, il ne fut jamais totalement associé aux autres qui se méfiaient de lui. Il fut assassiné par ses complices qui avaient peur qu'il ne parle quand il était saoul, ce qui lui arrivait souvent. Une autre raison évoquée était qu'il courtisait l'épouse de Berruyer. Il était d'ailleurs un homme à femme : il a notamment pour maîtresse La Poule noire, fréquente les prostituées ainsi qu'une Veuve Fournat, qui témoignera au procès.

 

Noémie Nirette dite "La Poule noire" en raison de sa coiffure

Fille de cultivateur, elle fût placée comme domestique dans une maison bourgeoise où elle travaille efficacement. Il semble qu'elle fût violée à 18 ans par son deuxième employeur. Enceinte de celui-ci, elle tua l’enfant dont elle venait d’accoucher. Accusée d’infanticide, elle ne nia jamais mais fut acquittée. Rejetée par sa famille, elle devient une fille de « mauvaise vie ». Elle fût la maîtresse de Romarin et était maternelle avec « Bel Oeil ».

 

Hippolyte Caleu dit « Bel Oeil » car il avait un œil plus gros que l’autre

Né à Bourg de Péage, il fût livré à lui-même à un jeune âge. Il vit de larcins et passe en correctionnelle à 14 ans pour vol. Commissionnaire et intermédiaire de prostituées, il rencontre Noémie Mirette alors maîtresse de Romarin, qui lui fait connaître la bande. Guetteur et agent de liaison pour la bande, c'est lui qui informe Lamarque juste à temps pour qu'il échappe à l'arrestation en 1908. Il s'évanouit dans la nature à cette même période.

 

Louis-Lucien Brenier

Né le 29/10/1876 à Alixan, il reçut une instruction primaire. Marié avec deux enfants, il était connu à Valence pour être un voleur et un receleur. Au moment de son arrestation, toutefois, il avait déménagé dans la région parisienne et travaillait comme boulanger.

Il fit de la prison pour vol en 1900 (6 jours) et 1907 (15 mois). Il fut inculpé pour recel et jugé avec les autres en 1909 mais fut relâché après le jugement, sans peine car il avait servi d'indicateur à la police et n'avait pas participé aux crimes.

 

 

 


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